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Les militaires condamnent une gouvernance irresponsable et imprévisible 

 

Samedi, les citoyens gabonais se rendaient aux urnes pour déterminer si le président Ali Bongo Ondimba obtiendra un troisième mandat. Il faisait face à 13 autres candidats, parmi lesquels figure Albert Ondo Ossa, choisi assez tardivement par les principaux partis d'opposition. Jusqu'à récemment peu connu, Ondo Ossa attire néanmoins d'importantes foules lors de ses rassemblements.

Quelques heures après l'annonce de la réélection d'Ali Bongo à la présidence du Gabon le mercredi 30 août au milieu de la nuit, un groupe d'une douzaine de militaires a publié un communiqué diffusé sur la chaîne de télévision Gabon 24 - appartenant à la présidence - dans lequel ils ont déclaré l'annulation des élections et la dissolution de "toutes les institutions de la République", du gouvernement à l'Assemblée nationale en passant par la Cour constitutionnelle.

Ces militaires ont condamné ce qu'ils ont appelé "une gouvernance irresponsable et imprévisible, conduisant à une détérioration continue de la cohésion sociale qui risque de plonger le pays dans le chaos". Ils ont annoncé qu'ils avaient "décidé de préserver la paix en mettant fin au régime en place". Ils ont ajouté : "Par conséquent, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés." Ces individus ont affirmé agir au nom d'un "Comité de transition et de restauration des institutions". Ils ont également déclaré que les frontières du pays étaient "fermées jusqu'à nouvel ordre". Parmi ces militaires figuraient des membres de la Garde républicaine (GR), une unité de la garde présidentielle reconnaissable à ses bérets verts, ainsi que des soldats de l'armée régulière et des policiers.

Des tirs d'armes automatiques ont été entendus à Libreville pendant cette déclaration, selon des journalistes de l'AFP. Quelques heures plus tard, l'accès à Internet a été rétabli dans le pays, trois jours après avoir été coupé par le gouvernement en raison des risques de violence le jour de l'élection présidentielle.

Ce qui semble être un coup d'État survient après l'annonce des résultats de l'élection présidentielle, dans laquelle le président en exercice Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans, a remporté un troisième mandat avec 64,27 % des suffrages exprimés. Son principal rival, Albert Ondo Ossa, n'a obtenu que 30,77 % des voix, mais il avait déjà dénoncé des "fraudes orchestrées par le camp Bongo" deux heures avant la clôture du scrutin et revendiquait alors déjà la victoire.

En amont de cette situation, le gouvernement gabonais avait instauré un couvre-feu et suspendu l'accès à Internet le soir du jour des élections générales pour "empêcher la propagation d'appels à la violence", selon le ministre gabonais de la Communication cité par Radio France Internationale (RFI).

Les électeurs gabonais se sont rendus aux urnes pour les élections présidentielle, législatives et locales. Environ 850 000 électeurs étaient appelés à voter, parmi lesquels treize candidats se disputaient la présidence, dont le président en exercice Ali Bongo Ondimba, qui briguait un troisième mandat.

Cette élection avait été marquée par l'absence d'observateurs internationaux et de médias étrangers, mais des journalistes locaux ont rapporté une situation confuse sur le terrain, évoquant des problèmes d'organisation et de bulletins de vote manquants. Bien que Ali Bongo soit considéré comme favori, aucun résultat ou tendance n'avait filtré jusqu'à présent.