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Presque 40 ans plus tard, le Burkina Faso critique les grandes puissances.
Lorsqu'il s'est adressé à l'Assemblée générale des Nations unies le 4 octobre 1984, le jeune capitaine burkinabè ne pouvait pas prévoir que pratiquement 40 ans plus tard, la plupart des thèmes de son discours demeureraient pertinents. Cela inclut son implacable critique des grandes puissances, un réquisitoire qui résonne toujours profondément dans la conscience de la jeunesse africaine aujourd'hui. Ce révolutionnaire ardent serait tragiquement assassiné lors d'un coup d'État trois ans plus tard, le 15 octobre 1987.
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Discours très offensif de Bassolma Bazié le samedi 23 septembre
Les débats se poursuivent à la 78e Assemblée générale des Nations unies, à New York. Ce samedi 23 septembre, le Burkina Faso a pris la parole par la voix de son ministre de la Fonction publique, Bassolma Bazié. Pendant 40 minutes, l'envoyé du capitaine Ibrahim Traoré a tenu un discours très offensif, tant sur le fond que sur la forme à la tribune.
"Ma présence à cette tribune Honorable des Nations Unies, au nom du Burkina Faso, Pays des Hommes intègres, n’est pas pour ériger des murs de lamentations. Je ne suis pas non plus là pour vous livrer un discours de convenance. Mais j’ai été plutôt mandaté en sacrifice pour vous dire que le mensonge d’État, l’hypocrisie diplomatique, la boulimie du pouvoir, la recherche effrénée du gain, l’esprit démoniaque de domination et d’exploitation de l’Homme par l’Homme sont les vraies plaies qui gangrènent notre vivre ensemble et font courir toute la société à sa perte, y compris donc notre organisation, l’ONU."
"Je vous signifie avec force et fermeté, dans une haute et intelligible voix que :
Primo, nous, peuples africains, sommes foncièrement démocrates. Pour preuve, notre attachement à la dignité humaine transcende la démocratie ! Ce que nous refusons, c’est moins donc la démocratie, que « le piège de la démocratie » qui nous est tendu. Ainsi, la démocratie électoraliste, s’est avérée un moyen de contrôle de nos Etats à travers le jeu de chaises musicales de dirigeants très souvent imposteurs, corrompus, voleurs et violeurs de constitution car étrangers au seul intérêt de nos Etats africains qui vaille.
Secundo, nous africains, sommes-nous aujourd’hui reconnus dans notre DIGNITE D’HOMME, au sens de « Un Homme est égal à un Homme » ? La réponse, assurément est NON, au-delà des convenances circonstanciées pour nous endormir et mieux nous asservir ! Triste pour le continent noir, reconnu scientifiquement comme berceau de l’humanité mais dans la réalité humilié, placé sous contrôle dominé !
Des indépendances factices aux guerres fratricides, de la démocratie électoraliste aux aides biaisées, des guerres de rapine au terrorisme malicieusement fabriqué, entretenu et injecté dans nos contrées africaines notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, il y a une seule constante : nous dominer, maintenir le « pied sur notre cou » tel le cas de notre malheureux frère George Floyd aux États-Unis ici même ! Est-ce cela la démocratie ?
Et il se trouve des partisans de cette conception étriquée de la liberté pour justifier intellectuellement l’asservissement et la barbarie contre nos peuples en lutte pour leur dignité et leur souveraineté au nom d’un principe paradoxal de liberté qui, in fine assassine la liberté. Oh Liberté, quel crime n’a-t-on pas commis en ton nom !
C’est pourquoi, nous décidons désormais de dire NON ! NON à tous ces « amis qui nous veulent du bien » au point de nous menacer de guerre pour imposer leur amitié ! Nous adapterons cette démocratie tant brandie et chantée par des Loups dans des peaux de béliers, afin de secréter, par nousmême, le leadership politique adéquat pour nos peuples en vue de leur BONHEUR. Oui, l’émancipation totale et le Progrès social véritable pour nos peuples constituent la finalité de toute action qu’elle soit politique, économique, socioculturelle et/ou sécuritaire.
Troisièmement, les peuples africains en général et ceux sahéliens en particulier ont découvert des chaînes d’aliénations économique, sécuritaires, socio-culturelles matérialisées en accords secrets avec la France et sont engagés à les casser pour leur émancipation véritable. Ce sont entre autres :
- la dette coloniale, nous n’allons pas fermer les yeux et la payer tout en laissant nos populations mourir de faim, de soif et de maladie ;
- la question de la monnaie donc du Franc CFA (Franc des Colonies Françaises d’Afrique) n’est pas une propriété africaine. Au plan juridique « la propriété » est « le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue » (Article 544 du Code civil français). Un brevet est donc détenu par la France sur le Franc CFA ; elle est par conséquent propriétaire du Franc CFA et elle la loue aux États francophones Africains. Ce qui est marrant en plus est que les billets produits par la France pour l’Afrique de l’Ouest diffèrent de ceux de l’Afrique centrale en valeur monétaire sous la même appellation de franc CFA. Le seul document reconnaissant le Franc CFA est le décret n°45-0136 du 26 décembre 1945 dont les signataires furent : Charles De Gaulle, Présidentdu Gouvernement provisoire ; Réné PLEVEN Ministre des Finances et Jacques SOUSTELLE, Ministre des Colonies ;
- la priorité aux intérêts et aux entreprises françaises dans les marchés publics et appels d’offre publics ;
- le Droit exclusif de fournir des équipements militaires et de former les officiers militaires des colonies ;
- etc.
Quatrièmement, personne n’applaudit un coup d’État, mais si nous ignorons que ces coups d’État sont souvent des conséquences de la mauvaise gouvernance et des tripatouillages constitutionnels pour s’offrir des mandats supplémentaires, il y en aura toujours. Donc ayons la lucidité de combattre les vraies causes en restant exigeant sur le respect des règles démocratiques et de la gouvernance vertueuse.
Cinquièmement, les peuples africains ne sont pas opposés au peuple français. Mais c’est plutôt la politique française, pleine de condescendance qui est rejetée. En effet, la France en refusant le rapatriement de son ambassadeur récusé au Niger, est une 55 violation du Droit international notamment l’article 9 alinéas 1 et 2 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961.
En décidant de l’interdiction des artistes du Burkina Faso, du Mali, et du Niger en France, c’est une méconnaissance grave de la portée culturelle en tant que moteur d’équilibre familiale, communautaire voire nationale. L’artiste est un médecin du psychique.
En déclarant qu’ils ne veulent pas de chômeurs, de migrants, de voleurs etc. en France, nous en Afrique en Général et au Sahel en particulier, ce sont les producteurs de chômeurs et de voleurs via le pillage cynique de nos ressources que nous ne voulons pas."
Le discours est terminé par"La Patrie ou la Mort Nous Vaincrons !"
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